Sister Outsider : Essais et propos sur la poésie, l'érotisme, le racisme, le sexisme..
livres
Année : 2023
Auteur : Audre Lorde
Editeur : EDITIONS MAMAMELIS EDISION MAMAMELI
Description : Un souvenir revient dans les écrits d'Audre Lorde. C'est l'hiver à New York. Audre est dans le métro avec sa mère. Emmitouflée, elle est assise à côté d'une dame en manteau de fourrure. Elle regarde la dame, blanche, qui d'une main rageuse retire la pan de manteau qui effleure l'enfant. Une enfant Noire qui ne comprend pas et cherche désespérément un cafard, une poussière, bref, une saleté justifiant ce geste. Quelque chose pour ne pas réaliser que la saleté... c'est elle. Ensuite, le regard rageur de la dame blanche qui tue l'enfant Noire de cinq ans parce qu'elle ne peut pas le nommer : le regard du racisme. Un souvenir vrillé en elle, plus qu'une douleur, une souffrance indélébile qui permet à la poète adulte d'affirmer qu'au fond, en Amérique, on ne veut pas que les Noir-e-s vivent. Audre a vécu, survécu, pour nous dire son "amérique", ses passions, ses colères, dans une série d'écrits lumineux.

Peaux blanches, masques noirs : Performance du blackface, de Jim Crow à Michael Jackson
livres
Année : 2008
Auteur : William T. Lhamon
Editeur : KARGO L ECLAT EKLA
Description : 1820, marché Sainte-Catherine, New York : près du port, des «nègres» dansent pour gagner quelques anguilles. A l'origine monnaie d'échange, ces danses deviennent une marque culturelle pour le lumpenprolétariat bigarré fasciné par le charisme et la gestuelle des Noirs. Fin du vingtième siècle, de part et d'autre de l'Atlantique et sur MTV : Michael Jackson et M. C. Hammer se déhanchent avec des pas de danse et des gestes identiques aux danseurs d'anguilles. Pourquoi ces gestes ont-ils perduré? Quels processus d'identification ont-ils mis en ?uvre? A qui appartiennent-ils? Aux Noirs qui les ont créés, ou aux Blancs qui, une fois grimés en noir (blackface), les ont copiés et assimilés? Peaux blanches, masques noirs, à travers l'histoire des ménestrels du blackface (T. D. Rice, Dan Emmett, Jim Crow?) et des lieux de formation de la culture américaine, explore cette longue mutation d'une culture folk limitée aux frontières d'un marché multi-ethnique en une véritable culture populaire où l'échange et la reconnaissance de gestes signent une appartenance. Esclaves ou fugitifs noirs, mariniers ou journaliers blancs, tous vivaient dans les mêmes conditions d'une classe ouvrière luttant pour que la culture dominante les laisse libre d'échanger les marques de reconnaissance culturelles qu'ils partageaient. Du sifflement de Bobolink Bob sur le marché Sainte-Catherine à celui d'Al Jolson dans Le Chanteur de jazz, du Benito Cereno de Melville au Caïn de Bob Dylan, des peaux d'anguilles portées en guise de serre-tête aux dreadlocks afros, W. T. Lhamon Jr. offre une magnifique histoire de ces signes culturels qui, après avoir vaincu les forces d'oppression qui tentaient de les étouffer, font aujourd'hui partie de notre quotidien.