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Walter Bonatti, né à Bergame le , et mort à Rome le , est un alpiniste, guide de haute montagne, journaliste et photographe italien. Il abandonne l'alpinisme de haut niveau en 1965, après avoir réussi l'ouverture d'une voie directe en hivernale et en solitaire dans la face nord du Cervin.
Enfant, il était fasciné par les cordées grimpant les aiguilles proches de chez lui. Un jour d' un grimpeur, Elia Ferraresi, lui propose de l'accompagner : cette première escalade l'enchante, c'est le début d'une passion. À peine un an plus tard, il affronte déjà des itinéraires prestigieux (face ouest de l'aiguille Noire de Peuterey, éperon Walker dans les Grandes Jorasses).
En 1951, il accomplit une première dans le massif du mont-Blanc : la face est du Grand Capucin avec Luciano Ghigo, après qu'ils ont renoncé tous les deux un an plus tôt pour cause de mauvais temps dans la paroi. Au retour des deux alpinistes Gaston Rébuffat définira cette ascension comme « le plus grand exploit en rocher accompli à ce jour, un exploit dont l'alpinisme italien peut être fier. »
Pendant l'année 1953, il réalise plusieurs itinéraires au Lavaredo dans les Dolomites. Il obtient ensuite son brevet de guide et s'installe à Courmayeur.
Fin 1953, il est sélectionné pour faire partie d'une expédition italienne pour conquérir le K2 (8 611 mètres). Il est le plus jeune d'une équipe de 11 alpinistes.
Après la mise en place de plusieurs camps, le plan d'attaque du sommet est décidé : Achille Compagnoni et Lino Lacedelli monteront le camp IX, Walter Bonatti et Amir Madhi (un Hunza) les ravitailleront. L'après-midi du , chargés principalement de bouteilles d'oxygène, les deux hommes montent difficilement à ce dernier camp situé à environ 8 100 mètres d'altitude. Arrivés à l'endroit prévu, après maintes recherches du camp, ils sont obligés de bivouaquer dans la neige, abandonnés par Compagnoni et Lacedelli. Ils survivent et redescendent le lendemain mais Madhi est gravement gelé, Bonatti ayant eu plus de chance est peu atteint.
Entre-temps, le sommet a été conquis. Compagnoni et Lacedelli déclarent qu'ils ont vaincu le sommet sans oxygène, abandonnant les bouteilles deux heures avant le sommet, en accusant Bonatti de s'en être servi pendant son bivouac improvisé. C'est cette version calomnieuse qui est officialisée par Ardito Desio et le CAI (Club alpin italien). Bonatti commence alors son combat pour rétablir la vérité : il n'a jamais touché aux bouteilles qu'il a montées au camp IX, car les masques à oxygène étaient en possession de Lacedelli et de Compagnoni, et il est impossible d'utiliser le précieux gaz sans ces masques. Bonatti intente un procès en diffamation, en 1964, et gagne. S'ensuit une très longue polémique, et c'est en 1993 que des preuves irréfutables sont dévoilées : une photo représentant Compagnoni au sommet du K2, avec un masque à oxygène. Ainsi, les deux héros ont menti : ils avaient encore de l'oxygène lorsqu'ils sont arrivés au sommet. La preuve sera apportée par un médecin australien, Robert Marshall, chirurgien à Melbourne, qui s'est passionné pour l'histoire de Bonatti. En 1993, il retrouve le récit de l'ascension par Ardito Desio dans une revue suisse,. Il aura fallu 50 ans à Walter Bonatti pour rétablir la vérité sur cette affaire puisqu'en 2004, le club alpin italien annonce enfin que la version officielle de l'ascension est celle de Bonatti.
En 1961, il publie son livre À mes montagnes où il revient notamment sur l'histoire du K2, et il conclut son chapitre sur le K2 par cette phrase : « Cela marque au fer rouge l'âme d'un jeune homme et déstabilise son assiette spirituelle encore insuffisamment affermie. »
En , il passe six jours dans le pilier sud-ouest des Drus, en solitaire, pour ouvrir une nouvelle voie qui sera désormais appelée le pilier Bonatti.
À la Noël 1956, il tente (avec Silvano Gheser) l'ascension hivernale de la voie dite La Poire. Le départ tardif les oblige à renoncer à leur projet. Ils décident d'atteindre le mont Blanc par l'éperon de la Brenva, en compagnie de deux alpinistes, le Français Jean Vincendon et le Belge François Henry. Bloqués par le mauvais temps au sommet de l'éperon, les quatre hommes décident de rejoindre le refuge Vallot. La cordée de Bonatti l'atteint, mais leurs deux compagnons, épuisés, se réfugient dans une crevasse, après avoir suivi à la descente l'ancien passage inférieur qui aboutit sur le Grand Plateau, sous la face nord du mont Blanc. Bonatti ne peut plus les aider, son compagnon souffrant de graves gelures. Ils redescendent tous les deux et sont sauvés. Les deux autres meurent ; la polémique sur les tentatives de sauvetage depuis la vallée devient l'affaire Vincendon et Henry, qui révolutionne les secours en montagne.
En 1961, Walter Bonatti survit dans le massif du Mont-Blanc, en compagnie de Pierre Mazeaud et de Roberto Gallieni, à ce que la presse appelle la grande tragédie du Pilier Central du Frêney qui voit la mort d'Andrea Oggioni, Pierre Kohlmann, Robert Guillaume et Antoine Vieille.
Il réalise encore de grandes premières dans les Alpes les années suivantes, tout en s'éloignant de plus en plus du club alpin italien dont il ne partage pas les idées. Tenté par l'ascension de la face nord du Cervin en hivernale, et comme ses compagnons de cordée ne sont pas disponibles, il part seul pour ouvrir une nouvelle voie directe. Il en sort en trois jours.
Sur cet exploit, il décide alors d'arrêter l'alpinisme extrême pour se consacrer à l'exploration des terres lointaines et la découverte d'horizons inconnus. Il devient grand reporter pour l'hebdomadaire Epoca, et va sillonner pendant des décennies toute la planète.
Il fut le compagnon à partir de 1981 de l'actrice Rossana Podestà, rencontrée grâce à un rendez-vous donné par presse interposée.
« L'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous. Quand le paquet de cartes n'a pas été truqué pour gagner à tous les coups existent encore le jeu, la surprise, l'imagination, l'enthousiasme de la réussite et le doute de l'échec. L'aventure. »
— Walter Bonatti
« Les montagnes n’appartiennent à personne, c’est bien connu, mais les expériences appartiennent à chacun. Beaucoup d’autres peuvent grimper sur les montagnes, mais personne ne pourra jamais s’emparer des expériences qui sont et demeurent nôtres. »
— Walter Bonatti
« Il y a de la spiritualité chez cet être-là. Pour moi, Walter est sans doute un héros de légende mais c’est avant tout un homme de vérité qui a tout simplement du cœur. »
— Pierre Mazeaud
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Source : Article Walter Bonatti de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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