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Ruwen Ogien est un philosophe libertaire français, né le à Hofgeismar dans le land de Hesse et mort le à Paris. Ses travaux portent notamment sur la philosophie morale et la philosophie des sciences sociales. Il est à l'origine de l'éthique minimale, une théorie qui réduit la morale à quelques principes. Il se rattache à la philosophie analytique.
Ruwen Ogien était directeur de recherche au CNRS en philosophie et membre du laboratoire Centre de Recherches Sens Éthique et Société (CERSES).
Ruwen Ogien naît dans une famille d'origine juive polonaise survivante de la Shoah et parlant yiddish. En 1949, peu après sa naissance, il arrive en France ; il apprend le français à l'école.
Il commence ses études à l'université de Tel Aviv, où il découvre la philosophie analytique. Il étudie pendant un an à l'université de Cambridge en 1984-1985, puis continue ses études à Paris, au sein de l'université de la Sorbonne. Il étudie ensuite à New York, au sein de l'université Columbia, et à Montréal.
Il est titulaire d'un doctorat en sociologie obtenu en 1978 sous la direction de Georges Balandier. Il obtient en 1991 un deuxième doctorat, doctorat en philosophie, sous la direction de Jacques Bouveresse.
Il arrive à la philosophie assez tardivement, sans passer par le cursus habituel, et devient en 1981 chercheur au CNRS, où il devient directeur de recherche[Quand ?],,,. Il est membre collaborateur en éthique fondamentale au Centre de Recherche en Éthique (CRÉ) de l'université de Montréal en 2006-2007, puis à partir de 2013.
Il est le frère d'Albert Ogien, sociologue s'inscrivant dans le courant ethnométhodologiste.
Il meurt d'un cancer du pancréas le à Paris, à l'âge de 69 ans. Il est inhumé au cimetière de Montmartre (division 11).
Formé à l'anthropologie sociale, il a initialement écrit sur la pauvreté et sur l'immigration. Sa thèse de philosophie, sous la direction de Jacques Bouveresse, est publiée sous le titre « La faiblesse de la volonté ». Ses domaines de recherche sont la philosophie morale et la philosophie des sciences sociales. Ruwen Ogien s’est aussi intéressé à la philosophie de l'action, à la notion de raison pratique ainsi qu’à l’irrationalité pratique. Ses autres travaux portent sur la question des émotions, notamment la haine et la honte.
Il s'efforce de mettre au point une théorie éthique qu'il nomme « éthique minimale ». C'est une éthique d'esprit anti-paternaliste qui voudrait donner des raisons de limiter autant que possible les domaines d'intervention de ce qu'il appelle, à la suite de John Stuart Mill, la « police morale ». L'éthique minimale se présentait initialement sous la forme de trois principes :
Ruwen Ogien a essayé de les réduire à un seul : « Ne pas nuire aux autres, rien de plus » en suivant le raisonnement suivant :
Finalement, ce que Ruwen Ogien appelle « éthique minimale », c’est une éthique qui exclut les devoirs moraux envers soi-même et les devoirs positifs paternalistes à l’égard des autres. Elle tend à se réduire au seul principe de ne pas nuire aux autres.
En conformité avec cette conception générale de l'éthique, il soutient la liberté de faire ce qu’on veut de sa propre vie du moment qu’on ne nuit pas aux autres, ce qui implique la décriminalisation de la consommation de stupéfiants, de toutes les formes de relations sexuelles entre adultes consentants et de l’aide active à mourir pour ceux qui en font la demande.
Un ouvrage paru en 2007, L'Éthique aujourd'hui. Maximalistes et minimalistes, développe de façon plus systématique cette « éthique minimale ».
Des numéros spéciaux de la revue Raison publique et de la Revue de théologie et de philosophie ont été consacrés à l'éthique minimale.
Ruwen Ogien essaie également de mettre en relation l’éthique minimale avec les travaux sur le développement moral des enfants et la variabilité des systèmes moraux dans un livre paru en , L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale.
Ruwen Ogien a publié un certain nombre de tribunes à Libération, Le Point et l'Humanité. Il n'hésite pas à prendre position sur divers sujets. Il s'oppose par exemple à l'enseignement d'une morale laïque, défend le mariage pour tous, et une école plus égalitaire. Il se confie avoir toujours voté pour le Parti Socialiste.
Dans un entretien publié le , Ruwen Ogien critique les détracteurs de la loi en faveur du mariage homosexuel. Pour lui, c’est la liberté individuelle qui doit primer, en respectant le principe de non-nuisance aux autres. Ceux qui rejettent le mariage gay expriment aussi une fausse idée du mariage : aujourd’hui, dans la majorité des cas, même « ceux qui dénoncent le plus hystériquement le mariage gay », ne défendent pas vraiment le mariage dit « traditionnel ».
Il estime que deux éthiques s’opposent. Dans une conception minimaliste, « les torts qu’on se cause à soi-même (en se suicidant ou en se mentant) n’ont aucune importance éthique », à l’opposé, une conception maximaliste interdit une utilisation « libre » de son corps, définissant la liberté de manière plus collective.
Dans un article de Libération du , il s'interroge sur le sens du mot « culture », en particulier sur celle qui serait propre à la France, et rejette l'idée d'un « choc des civilisations ». Il fustige notamment les politiques d'intégration culturelle, celles-ci oubliant des « valeurs » qui, selon lui, fonderaient l'identité française comme « l’arrogance culturelle, le passé colonial, le conservatisme moral, la xénophobie latente, le culte de la rente, le goût de l’alcool… ». Dans un article de Libération du , il déclare avoir choisi, «ne goûtant guère les raisonnements hermétiques et pompeux, la limpidité logique de la philosophie analytique», courant anglo-saxon assez peu présent en France.
Les principales critiques philosophiques adressées à Ruwen Ogien concernent son rejet de l’idée kantienne de « devoir moral envers soi-même » et de l’idée aristotélicienne de « vertu morale personnelle ». Pour Ruwen Ogien, nous n’avons aucun devoir moral envers nous-mêmes (comme ceux de s’améliorer soi-même ou de ne pas se suicider), et les vertus personnelles aristotéliciennes (comme le courage ou la fierté) n’ont rien de particulièrement moral.
Pour la philosophe Corine Pelluchon, Ruwen Ogien a toujours développé « une hantise et comme un secret, liés à la conscience que le pire est encore possible, que la liberté est fragile, que la démocratie et l’esprit qui la gouverne, c’est-à-dire le respect de l’autre et la confiance en l’individu, étaient attaqués. Cette conscience du fait que la liberté est un bien précieux confère aux livres de Ruwen une grande profondeur. Il y a comme un reste dans cette philosophie, quelque chose qui n’est pas dit, mais qui donne à sa pensée une humanité et une universalité bouleversantes. Cette œuvre, y compris dans ce qui, en elle, est suggéré, peut inspirer des générations de philosophes. J’ai la chance d’en faire partie. »
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Source : Article Ruwen Ogien de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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