François Cheng (nom d'auteur ; nom chinois : 程抱一 ; pinyin : Chéng Bàoyī ; litt. « qui embrasse l'unité »), né le à Nanchang (province du Jiangxi, Chine), est un écrivain, poète et calligraphe français d’origine chinoise. Il a été naturalisé français en 1971 et ne détient depuis que cette nationalité. Il est membre de l'Académie française depuis 2002.
Ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d’essais sur la pensée et l’esthétique chinoises, de monographies consacrées à l’art chinois, de recueils de poésies, de romans et d’un album de ses propres calligraphies.
Biographie
Né Cheng Chi-hsien (程纪贤) en 1929, il est issu d'une famille de lettrés et d'universitaires. Après des études à l'université de Nankin, François Cheng arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père (1895-1975) obtient un poste à l'Unesco en tant que spécialiste des sciences de l’éducation. Alors que sa famille émigre aux États-Unis en 1949 en raison de la guerre civile chinoise, il décide de s'installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française.
Apprentissage du français
Il se consacre à l'étude de la langue et de la littérature françaises en vivant dans le dénuement et la solitude avant de faire dans les années 1960 des études universitaires, en préparant un diplôme de l'École pratique des hautes études (EPHE),. Dans les années 1960, il enseigne au Centre de linguistique chinoise, le futur Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale. Il se lance aussi dans des traductions en chinois de poèmes français, puis celles de poèmes chinois en français.
En 1969, il est chargé d’un cours à l'université Paris-VII. À partir de là, il mènera de front l’enseignement et une création personnelle. Il est naturalisé français en 1971. En 1974, il devient maître de conférences puis professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales.
Premières publications
Tout d'abord, il publie de la poésie en chinois à Taïwan et à Hong Kong. Ce n'est que tardivement (en 1977) qu'il écrit en français, sur la pensée, la peinture et l'esthétique chinoises et aussi des ouvrages poétiques. Jugeant avoir acquis assez d'expérience, il peut ensuite se lancer dans l'écriture de romans.
Dialogue avec les arts plastiques
François Cheng n'est pas seulement écrivain, il est également plasticien : il est l'auteur de nombreuses calligraphies. Il évoque cet art dans de nombreux ouvrages tels que Vide et plein : le langage pictural chinois (1979) ou encore Et le souffle devient signe (2001).
Il collabore également avec d'autres artistes, tels que le peintre coréen et prêtre dominicain Kim En Joong : ils publient communément Quand les âmes se font chant en 2014 chez Bayard, ouvrage réédité en 2018, qui se présente comme le dialogue entre des œuvres de deux artistes : « Le livre renoue avec l’ancestral dialogue qui prévaut en Asie entre la peinture et la poésie. Quand ses pages s’entrouvrent, elles semblent les deux ailes prêtes à s’élancer, elles suggèrent le jaillissement, le bond et l’ouvert, la palpitation d’un élan. La rainure du livre concrétise en miniature – comme ces jardins asiatiques de minuscule dimension – une réalité cosmogonique et un concept philosophique. Ravin du livre, le pli unit et sépare les deux propositions artistiques. »
Engagements politiques et artistiques
Depuis 2008, il est membre du comité d'honneur de la fondation Chirac, créée pour agir en faveur de la paix dans le monde. Il est également membre d'honneur de l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine culturel français.
Vie privée
Il est le père de la sinologue Anne Cheng, née de son premier mariage, avec l'artiste peintre chinoise Zheng Zhen-ting. Il s'est remarié en 1963 avec la Française Micheline Benoit, issue d'une famille catholique tourangelle et morte le (à l'âge de 96 ans). Il a reçu le baptême catholique en 1969 et cette spiritualité est de grande importance pour lui, mais il préfère dire qu'il reste ouvert, que c'est la voie christique qu'il a choisie et qui l'a mené un peu plus loin que la voie du Tao qui continue de le guider cependant, plutôt que de se définir comme catholique ou chrétien, et il souligne les liens sans renoncement entre cette voie et le taoïsme, qui était initialement sa religion.
Son prénom français fait référence à saint François d'Assise. Il déclare que par une « rencontre inattendue » celui-ci a changé sa vie.
Œuvres
Recueils de poésie
Erre, dessins de Marcel Dumont, La Balance, 1988
Déployance, lavis de Marcel Dumont, La Balance, 1988
L'un vers l'autre, En voyage avec Victor Segalen, éditions Albin Michel, 2008
Un cheminement vers la vie ouverte, éditions Hermann, 2009.
Œil ouvert et cœur battant : Comment envisager et dévisager la beauté, Desclée de Brouwer, 2011
Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-25191-6)
Assise, une rencontre inattendue, Albin Michel, 2014 (ISBN 978-2-226-25192-3)
Entretiens avec Françoise Siri, suivis de douze poèmes inédits, Albin Michel, 2015 (ISBN 978-2-226-31475-8)
À Notre Dame, Salvator, 2019
Écriture et quête de sens, éditions Passiflore, 2020
Une longue route pour m'unir au chant français, Albin Michel, 2022, (ISBN 978-2-226-47730-9)
Livres d'art, monographies
L'Espace du rêve: mille ans de peinture chinoise, Phébus, 1980
Chu Ta : le génie du trait, Phébus, 1986
Shitao : la saveur du monde, Phébus, 1998 - (prix André-Malraux)
D'où jaillit le chant, Phébus, 2000
Et le souffle devient signe, Iconoclaste, 2001
Que nos instants soient d'accueil, avec Francis Herth, Les Amis du Livre contemporain, 2005
Pèlerinage au Louvre, Flammarion / Louvre, 2008
La joie, En écho à une œuvre de Kim En Joong, Le Cerf, 2010
Échos du silence, Créaphis, 2018
Récompenses et distinctions
Le , il devient membre de l'Académie française ; premier Asiatique élu, il est le vingtième récipiendaire du fauteuil 34. Il y est reçu le par Pierre-Jean Remy. Depuis le , il est le vice-doyen d'âge de l'institution, juste derrière Dominique Fernandez, de cinq jours son aîné.
Il est membre du Haut Conseil de la francophonie.
Prix littéraires
En 1998, François Cheng reçoit le prix Femina pour son roman Le Dit de Tianyi.
En 2000, il reçoit le prix Roger-Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double Chant.
En 2001, il reçoit le grand prix de la francophonie de l'Académie française.
Décorations
Officier de la Légion d'honneur,
Chevalier des Palmes académiques
Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (2002)
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Madeleine Bertaud, François Cheng : un cheminement vers la vie ouverte, Paris, éditions Hermann, 2009 ; et 2de édition, révisée et complétée, Hermann, 2011.
Id., Lire François Cheng / poète français, poète de l'être, Hermann, 2017.
Madeleine Bertaud et Cheng Pei, François Cheng à la croisée de la Chine et de l'Occident, Actes du colloque de Paris-Shanghai (), Genève, Droz, 2014.
Yinde Zhang, « François Cheng ou Dire la Chine en français », in Revue de littérature comparée, 2/2007, no 322, p. 141-152. [lire en ligne]
ARDUA, François Cheng Écriture et quête de sens, Actes du colloque de Bordeaux (), éditions Passiflore, .
Madeleine Bertaud: François Cheng, Enfin le royaume / Quatrains, édition introduite et commentée par Madeleine Bertaud, Genève, Droz, "Textes Littéraires Français", 2020.