Idée lecture : Les pirates juifs des caraïbes d’Edward Kritzler
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Les pirates juifs des caraïbes d’Edward Kritzler : L’incroyable histoire des protégés de Christophe Colomb
Il y a 529 ans, le 31 mars 1492, la chute de Grenade marque la fin de la Reconquista ainsi que la réunification des royaumes espagnols sous l’égide des rois très catholiques, Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille. Si toute la Chrétienté, jusqu’au pape Alexandre VI, salue cette victoire, elle marque pour les communautés juives de la Péninsule le début d’une longue période de persécution avec le décret de l’Alhambra qui ordonne aux Juifs de Castille et d’Aragon de choisir entre conversion au christianisme et exil. Je vous propose donc de découvrir une facette aussi originale et qu’inattendue de l’histoire de ces Juifs ayant fui l’Espagne avec un livre du fonds d’histoire de la bibliothèque de l’Institut Rachi, Les pirates juifs des caraïbes d’Edward Kritzler, journaliste et écrivain spécialiste de l'histoire de la Jamaïque.
Ainsi, alors que la majorité des exilés prennent la route de la Turquie, où le sultan Bayezid II accepte de les accueillir, et du Maghreb, d’autres Sépharades parviennent à s’embarquer avec les plus grands explorateurs de l’époque pour gagner clandestinement le Nouveau Monde –qui leur était interdit du fait de leur religion- en se faisant passer pour de fervents convertis, des « nouveaux chrétiens »… Continuellement persécutés, ils trouvent finalement refuge en Jamaïque, où Christophe Colomb et sa famille offrent asile aux Juifs poursuivis par l'Inquisition. Entre la fin du XVe siècle et le XVIIe siècle, ces colonies de convertis de façade ont joué un rôle important dans le développement des différentes îles des Caraïbes. Beaucoup de ces aventuriers juifs, brillants navigateurs et cartographes, embrassent les carrières de négociants et d’armateurs mais aussi de… pirates, participant au commerce très lucratif du tabac et des métaux précieux que sont l’or et l’argent. Beaucoup de ces Juifs persécutés, et leurs enfants, s’allièrent aux Hollandais –dont la capitale Amsterdam puis la Colonie de la Nouvelle-Amsterdam furent pour eux des refuges- ou aux Anglais. Ils devinrent des pirates implacables et des guerriers hors pair qui semèrent la terreur dans les galions espagnols chargés d’acheminer les trésors du Nouveau Monde vers les royaumes de Castille et d’Aragon, répondant ainsi aux violences de l’Inquisition qui avait poursuivi les juifs jusqu’aux Amériques, dans la logique de la loi du Talion.
Comme Edward Kritzler qui annonce avoir commencé à travailler sur ce sujet en feuilletant le journal de bord d’un pirate anglais du XVIIe siècle, son ouvrage se lit comme une grande aventure aux cotés de ces nombreux protagonistes, connus ou inconnus, entre les deux rives de l’Océan Atlantique, à travers les diverses phases de la conquête des Amériques, le développement des colonies ibériques jusqu’à la fin de l’âge d’or de la piraterie et à la révolution américaine à laquelle certains pirates juifs prirent part ainsi que de portraits aussi incroyable qu’inattendus comme celui du rabbin-pirate Samuel Palache, natif de la ville marocaine de Fès, qui fonda la première communauté juive d’Amsterdam ou des femmes audacieuses comme les sœurs Ordaz.
Une lecture proposée par Manon Carnat, étudiante en Master II Valorisation du Patrimoine Textuel et stagiaire à la bibliothèque de l'Institut Rachi
Cet ouvrage est à retrouver à la bibliothèque de l'Institut Rachi : lien vers la notice du catalogue