Idée lecture : Histoire des femmes en Occident, Michelle Perrot et George Duby
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Histoire des femmes en Occident, III (XVIe-XVIIIe siècles) : Les femmes à l’époque moderne
Il y a 332 ans décédait à Rome, capitale des Etats pontificaux, la reine Christine de Suède, le 19 avril 1689. Héritière du roi Gustave II Adolphe, champion de la cause protestante tué au combat durant la guerre de Trente ans, elle monte sur le trône à six ans et est élevé pour gouverner comme un homme de science et de guerre. Figure délibérée de femme androgyne à la masculinité outrée, qui renonça au trône pour se convertir au catholicisme, sans pour autant renoncer à la politique. Les choix de cette reine-homme ayant abdiquée par choix qui intervint notamment auprès de Louis XIV pour adoucir le sort des Protestants et des Juifs français, furent considérés comme « ridicule » dans une société où chaque sexe possède un statut qui lui est propre.
Je vous propose de découvrir le troisième tome de l’Histoire des femmes en Occident (XVIe-XVIIIe siècles), publié pour la première fois en 1990. Ce livre s’insère dans une série ayant pour sujet l'histoire des femmes depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, réalisée sous la direction de Michelle Perrot, historienne contemporaine et féministe, et de Georges Duby, historien spécialiste du Moyen Age. Dirigé par les historiennes Natalie Zemon Davis et Arlette Farge, ce tome consacré aux femmes à l’Epoque moderne prend le parti de ne pas être une galerie de femmes remarquables dans laquelle figurait immanquablement Christine de Suède mais d’offrir un panorama de la place des femmes dans la société moderne, au quotidien entre scène domestique, économique, intellectuelle, publique et religieuse. Durant cette période riche en bouleversements, les femmes occupent désormais l'ensemble des espaces, à l’exception de celui de la guerre qui reste dans les faits l’apanage des hommes bien que des reines et impératrices telles qu’Elisabeth Ière d’Angleterre, Catherine II de Russie ou encore la Grande Marie-Thérèse assurent déjà la direction de leurs armées.
Le rôle des femmes en Europe de l'Ouest, bien que ce ne soit pas uniforme selon les pays et les classes sociales, se définit au sein de leur famille, selon les stades de leur existence : principalement filles, épouses et mères. Tandis que l’Eglise, qui a défini depuis le Moyen Age une vision du « bon chrétien », livre un discours sur le corps, la beauté, l’amour et la sexualité ainsi que sur les formes de la sainteté que la femme peut atteindre en son sein comme religieuse, vierge et sainte. La femme fait donc l’objet d’innombrables représentations et est au centre de nombreux débats littéraires et philosophiques sur la « nature féminine », auxquels elles participent activement par les salons. Le mouvement des Précieuses, au XVIIème, témoigne ainsi de cette volonté de se faire reconnaitre et entraîne au XVIIIème un véritable débat sur la raison des femmes. Conscientes des inégalités dont elles sont victimes, certaines d'entre elles entrent en rébellion, s’associant volontairement ou non avec des figures marginales et inquiétantes telles que les sorcières -dont la figure connue représente un renversement des valeurs de la famille et de l’Eglise qui l’associe au Malin-, criminelles et insurgées.
L'enjeu principal de cette histoire des femmes est donc de montrer, outre la vie quotidienne des femmes européennes de l'Ancien Régime et son évolution, ce qui ressort du conflit entre d'un côté l'image et le rôle imposés aux femmes et de l'autre leurs tentatives d'évolution, accessible au grand public. Cet ouvrage ainsi que les quatre autres tomes de la collection l’Histoire des femmes en Occident dirigée par Michelle Perrot et Georges Duby, sont à (re)découvrir à la bibliothèque de l’Institut Rachi.
Une lecture proposée par Manon Carnat, étudiante en Master II Valorisation du Patrimoine Textuel et stagiaire à la bibliothèque de l'Institut Rachi
Cet ouvrage est à retrouver à la bibliothèque de l'Institut Rachi : lien vers la notice du catalogue